Les sœurs Jordan mènent la vie d'une famille américaine
typique de la banlieue chic du New Jersey et cherchent toujours le bonheur. Joy
n'a pas encore rencontré l'homme parfait, Trish, son aînée, est persuadée de
l'avoir trouvé. Quant à Hélène, auteur à succès, elle est peu à peu envahie
d'une sourde angoisse. Les zones d'ombre de leur vie vont refaire surface et,
peu à peu, les secrets les plus intolérables vont éclater au grand jour.
Ce film est un peu l'équivalent du Ken Park de Larry Clark,
le coté voyeur en moins. Ce film parle des tares à trouver le bonheur qui nous
propre à chacun, du plus simple au plus noir. Ainsi Todd Solondz nous livre un
portrait d'un monde où l'apparence cache bien des choses. Il débute par une
superbe scène de rupture, où le gros de se service ce fait plaquer mais de là
apparait son véritable être, et c'est la largueuse qui se retrouve prise à son
propre jeu. De fait, Solondz nous parlera d'homme trouvant le salut dans un
fantasme de sexe animal qui au final leur fait bien peur le jour J, des hommes
et femmes voulant l'amour coute que coute quitte à y laisser des plumes, une
romancière jusqu'auboutiste voyant sa vie foutu car elle n'a pas été violé
étant jeune (!) et un père de famille bien sous tout rapport cachant un
pédophile meurtrier. Ainsi Solondz pose et montre les différentes valeurs de
bonheur qui nous entoure avec, soit, un coté cru mais ne tombant jamais dans le
voyeurisme. Le film est surtout sublimé par ses acteurs fabuleux, et surtout un
petit garçon tombant en pleurs quand son père pédophile lui avoue qu'il ne
ferait que se masturber en pensant à lui alors qu'il ferait l'amour à ses
copains, l'enfant trouvant en cela un écho de non amour de la part de son père.
Film froid et lucide, le réalisateur a réussi la prouesse de
ne pas en montrer trop afin de rester toujours au plus prés de ses personnages.
Bravo.